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              La nature occupe une place fondamentale dans l'œuvre de Cécile Maulini. En peinture comme dans ses collages, elle est omniprésente : bords de mer, jardins idylliques, montagnes... Et bien sûr les fleurs. Fil conducteur et motif récurrent ; des fleurs en nature morte, calmes, décoratives, apaisées ; des fleurs morcelées et fragmentées comme dans la série Sept Folies ; mais aussi des fleurs en action qui se heurtent aux cavaliers dans des compositions épiques. 

 

       Cette impression est renforcée par l'utilisation des couleurs, une palette intuitive, plutôt joyeuse et pleine de contrastes. Les monochromes sont très présents en arrière-plan, rien ne vient détourner notre regard des forces en action. Les formes et les couleurs se superposent en offrant une multiplicité de points de vue et de nombreuses possibilités de lecture. 

 

       Le regard est d'abord flatté par la chaleur des couleurs, par des motifs familiers et rassurants. Il se heurte ensuite à une énergie débordante. La dualité opère : le cavalier à l'attaque se substitue à la douceur des fleurs. Invasives et débordantes elles semblent vouloir jaillir de l'oeuvre, prises au piège d'une forme ou d'un format qui les étouffe. 

 

       Le format – si l'artiste privilégie les petits elle passe de l'un à l'autre régulièrement – et l'espace semblent perpétuellement être interrogés dans le travail de l'artiste : quand certaines séries d'œuvres aux motifs foisonnants paraissent étouffer, vouloir sortir du cadre, les séries plus récentes se muent au contraire en vastes espaces calmes, apaisés, impénétrables. Non sans évoquer la renaissance, ces fenêtres cintrées attirent notre regard vers un au-delà serein où la nature reprend sa respiration. 

       La dimension fantastique et onirique est alors omniprésente : ici les fleurs ou autres motifs lévitent, superposés à des arches d'un autre temps devant des paysages impassibles. Ailleurs ces cavaliers floraux fous sont en suspension dans des espaces où le temps n'a pas de prise ; plusieurs collages, enfin, et notamment la série Les songes ne sont pas sans évoquer les œuvres surréalistes, images latentes de l'inconscient. 

       Les collages de l'artiste sont intrinsèquement liés à sa pratique picturale. Ils intègrent plusieurs figures présentes dans ses œuvres peintes : la nature d'abord - végétaux et animaux - ou encore les paysages. De nombreux collages superposent ces éléments à des intérieurs datés mais chics, à l'heure de gloire révolue. L'artiste conçoit ses collages comme des rencontres d'univers et de temporalités différentes emprunts d'inspiration dada et surréaliste. Ces images et ces objets aux différentes vies et de différentes époques sont réactivés, donnant naissance à un univers fantastique, familier, mais énigmatique où la solitude se mêle à la douceur. 

       Cécile Maulini née à Saulieu, vit et travaille à Dijon. Après une année de préparation à l'école des Beaux-arts et une année d'histoire de l'art, elle a suivi un cursus à l'école nationale supérieure d'art de Bourges (2002). Elle a participé à de nombreuses expositions collectives, notamment au musée des Beaux-arts de Dijon dans l'exposition Halle 38 – années tropiques (2020), mais aussi au FRAC Bourgogne La Peinture en apnée (2017), et a réalisé plusieurs expositions personnelles au FRAC Bourgogne (2019) ou encore aux Ateliers Vortex à Dijon (2014). 

Noémie Satori

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